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Pour en savoir plus sur le riche potentiel energétique de la RDC, consultez le rapport spécial de la série Africa Energy: RDC 2020 – le principal outil pour les investisseurs pour suivre les évolutions actuelles et futures du secteur énergétique national. Téléchargez le rapport et les autres rapports spéciaux d’AES ici.
Dans un pays de la taille de la République démocratique du Congo(RDC), la conception d’un réseau de transport d’électricité efficaceest un sujet clé en ce qui concerne l’accès à l’électricité, l’isolement de la population et la compétitivité économique. Avec l’un des taux d’accès les plus bas du continent, la RDC doit travailler dur pour alimenter en électricité ses 85 millions d’habitants.
La RDC dispose actuellement d’une capacité électrique d’environ 2,7 gigawatts (GW) installée par le biais de 50 centrales électriques réparties dans tout le pays. Moins de la moitié de cette capacité est effectivement exploitable, en raison du vieillissement des équipements et du manque d’entretien. 95% de la production de la RDC est hydroélectrique, grâce au fleuve Congo.
19% de la population Congolaise a accès à l’électricité. Les disparités sont grandes puisque près de 50% de la population urbaine est électrifiée contre 1% dans les zones rurales. Le réseau national est composé de trois réseaux distincts, à l’ouest, à l’est et au sud du pays. Le réseau du sud couvre les provinces de Lualaba et du Haut-Kantaga où une activité minière intense est conduite. Il est connecté aux centrales électriques d’Inga sur le fleuve Congo et comporte une ligne de transmission pour l’électricité importée de Zambie. La ligne à haute tension entre Inga et Kolwezi, capitale de la province de Lualaba, a été réhabilitée et sa capacité a double en 2007 grâce à un prêt de 178 millions de dollars de la Banque mondiale.
La libéralisation du secteur de l’électricité a été mise en oeuvre en 2014, mettant fin au monopole de la Société Nationale d’Electricité (SNEL). À ce jour, la SNEL fournit toujours 94% de la production d’électricité de la RDC. La société est en difficulté financière en raison du faible coût de l’électricité pour les utilisateurs finaux, environ 0,07 $ par kilowatt-heure, ainsi que les connexions illégales.
Le ministère de l’énergie et des ressources en eau est chargé d’organiser la production et la distribution de l’eau et de l’électricité dans le pays. En 2016, deux agencies gouvernementales ont été créées afin de mieux réguler et développer le secteur de l’électricité, et de mettre en oeuvre plus efficacement la stratégie de libéralisation. La mission de l’Autorité de regulation de l’électricité (ARE) est de regular le secteur, d’être un interlocuteur solide pour ses parties prenantes et d’attirer des opérateurs privés dans l’espace électrique de la RDC. L’Agence nationale pour l’électrification et les services énergétiques en milieu rural et périurbain (ANSER) se concentre sur les zones rurales isolées ainsi que sur les banlieues et les zones faiblement urbanisées.
La ligne de transmission Inga-Kolwezi, qui était autrefois la plus longue ligne à haute tension à courant continu du monde, atteignant 1 700 kilomètres, est l’une des rares realizations d’infrastructure électrique à grande échelle dans le pays. Lorsque le gouvernement local a libéralisé le secteur de l’électricité en 2014, des investisseurs institutionnels tels que la Banque mondiale, la Banque Africaine de développement, le ministère britannique du développement international et l’Union européenne ont déclaré que le développement du secteur de l’électricité de la RDC était une priorité.
Si l’exploitation minière est le pilier économique du pays depuis six décennies, les ressources énergétiques disponibles sont immenses. La RDC pourrait contenir jusqu’à 20 milliards de barils de pétrole selon les estimations, ce qui la placerait juste derrière le Nigeria dans le classement des réserves pétrolières les plus importantes d’Afrique. Alors que les opérateurs internationaux sont de plus en plus intéressés par le secteur des hydrocarbures de la RDC, la production d’énergie renouvelable devrait connaître une croissance exponentielle dans le context du changement climatique et de l’Accord de Paris. Ces carburants alternatifs sont particulièrement stratégiques pour le développement des infrastructures, car ils sont disponibles dans tout le pays et ne nécessitent donc pas d’être transportés sur de longues distances, ouvrant ainsi la porte aux systèmes de mini-réseaux.
L’énergie solaire offre un potentiel remarquable pour alimenter les mini-réseaux de distribution électrique. Les régions méridionales se caractérisent notamment par des taux d’irradiation quotidiens élevés, puisqu’ils atteignent une moyenne de 3,5 à 5,5 kilowattheures par mètre carré (kWh/m2). Six provinces de la région se targuent d’avoir le taux d’irradiation quotidien le plus élevé, soit environ 5 kWh/m2 et parfois jusqu’à 6,75 kWh/m2.
La RDC dispose d’importantes ressources en biomasse malgré une deforestation régulière au cours des dernières décennies. Le taux de déforestation local est estimé être stabilisé autour de 0,2% depuis les années 1990, ce qui est inférieur aux régions tropicales d’Amérique du Sud, où 300 000 hectares sont détruits chaque année. Les forêts tropicales congolaises couvrent 67 % de la surface du pays. Cela correspond à 19,5 milliards de tonnes de carbone en activité, alors que d’autres estimations suggèrent que ce chiffre pourrait être doublé. Le domaine Agricole présente un potentiel de gaspillage important en raison de ses 25 millions d’hectares de terres arables. La logistique de la collecte des déchets est le principal défi à cet égard, car elle est actuellement limitée et désorganisée.
En 2018, le SEforAll Africa hub, en collaboration avec la Banque Africaine de développement, a récemment publié une évaluation des opportunités de marché du mini réseau en RDC. Sur la base de la couverture actuelle du réseau, le rapport estime que 61 millions de personnes pourraient être connectées à des mini-réseaux, pour un potentiel de marché annuel de 921 millions de dollars. L’énergie solaire et l’hydroélectricité ont le plus grand potentiel pour accélérer l’électrification grâce aux mini-réseaux, car elles sont toutes deux des ressources abondantes dans le pays.
Malgré un taux d’accès à l’électricité inférieur à la moyenne, le gouvernement de la RDC fait preuve d’une volonté d’améliorer la situation. Ses formidables ressources naturelles telles que le solaire, l’hydro et même le pétrole devraient éclairer le pays dans un avenir proche. Des investissements importants, tant publics que privés, sont nécessaires, notamment dans les infrastructures, afin de garantir que l’électricité soit produite, transportée et fournie de la manière la plus efficace et la plus abordable possible.