Porté par la stabilité politique, l’afflux d’investissements directs étrangers et le soutien croissant des partenaires internationaux, le Gabon devrait devenir une économie émergente d’ici 2025, avec une croissance prévue du PIB d’environ 3 % d’ici la fin de l’année 2023.
Réinventer l’industrie en amont
Bien que sa production soit en baisse depuis 1996, le Gabon reste le cinquième producteur de pétrole d’Afrique, et les grands gisements du pays, qui arrivent à maturité, ont encore beaucoup à offrir. Les compagnies pétrolières internationales, telles que Perenco, BW Offshore et VAALCO Energy, qui sont à la pointe de la technologie, appliquent les dernières techniques de récupération secondaire pour prolonger la durée de vie d’un gisement et stabiliser la production. Les champs marginaux qui n’entrent pas dans leurs portefeuilles offrent aux sociétés de production locales, comme Stream Oil Olawi, la possibilité de progresser dans la chaîne de valeur, tout en maximisant la production des actifs existants. L’accent est également mis sur l’exploration des zones pionnières dans l’offshore profond du Gabon. Les récentes découvertes qui ont changé la donne en Mauritanie et en Angola ont été faites dans des blocs en eaux profondes dont les formations géologiques sont remarquablement similaires à celles du Gabon, dont la zone du bassin nord contiendrait des gisements pré-salifères non découverts qui pourraient ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire des hydrocarbures du pays.
Création d’industries basées sur le gaz
Alors que la production pétrolière a longtemps été le moteur de l’économie gabonaise, le gaz naturel apparaît comme un pilier essentiel de la diversification, comme le montre le plan directeur gazier du pays qui vise à réduire le brûlage de gaz, à renforcer la sécurité énergétique et à élargir l’accès à l’énergie à un prix abordable. Ce plan prévoit l’élimination du torchage et l’exploitation des réserves de gaz naturel du Gabon, estimées à 1,2 trillion de pieds cubes – qui se présentent principalement sous la forme de gaz associé – pour produire une série d’industries en aval et un réseau basé sur le gaz. Perenco dirige la construction d’une usine de GNL d’une capacité de 700 000 tonnes par an, qui devrait permettre d’exporter du gaz pour la première fois. Parallèlement, la capacité de raffinage de la SOGARA, l’unique raffineur du Gabon, est en passe d’être portée de 1,2 million de tonnes de pétrole par an à 1,5 million de tonnes, ce qui pourrait rendre le Gabon autosuffisant en produits pétroliers raffinés d’ici 2030.
Répondre à la demande énergétique actuelle et future
Alors que le Gabon a l’un des taux d’urbanisation les plus élevés d’Afrique, 70 % du sud et de l’intérieur du pays ne sont toujours pas électrifiés, ce qui freine l’industrialisation et la croissance du secteur privé. Le gouvernement a déclaré son objectif d’accès universel à l’électricité d’ici 2030, en vue d’éliminer les importations d’électricité et de développer des industries à forte intensité énergétique comme l’exploitation minière, l’agriculture et l’industrie manufacturière. Actuellement, près de la moitié de l’électricité consommée au Gabon provient de la production hydroélectrique, principalement du barrage hydroélectrique du Grand Poubara (160 MW) et du barrage hydroélectrique de Kinguele Aval (70 MW). La construction de plusieurs centrales solaires photovoltaïques a également été lancée dans le but d’électrifier les provinces rurales, notamment une centrale solaire de 120 MWp par Solen et huit centrales solaires hybrides totalisant 2,2 MW par Engie.
En ce qui concerne les combustibles fossiles, les centrales électriques au gaz exploitées par Perenco fournissent 70 % de l’électricité de Libreville et 100 % de celle de Port-Gentil. Des projets tels que celui résultant du récent protocole d’accord entre Perenco et Gabon Power Company – qui promet d’électrifier 80 000 ménages dans les provinces reculées du sud avec une capacité de production de 50 MW grâce à une nouvelle centrale électrique au gaz à Mayumba – démontrent l’ampleur de ce qui peut être réalisé grâce aux investissements dans la monétisation du gaz et l’infrastructure connexe. Selon la Banque africaine de développement, le Gabon brûle environ 35 milliards de pieds cubes de gaz par an, ce qui représente environ 200 MW d’électricité. Le marché gabonais de l’électricité, qui devrait croître de 3,4 % d’ici à 2028, représente donc une opportunité prometteuse pour les investisseurs.
Mener la transition énergétique en Afrique
Ces développements et d’autres encore ont fait du Gabon un leader régional dans la transition énergétique africaine. La monétisation du gaz est un élément clé de la politique environnementale du Gabon, car elle permet d’éliminer le torchage et de tirer parti d’un combustible fossile relativement propre. Le Gabon est également considéré comme l’un des pays les plus positifs en termes d’émissions de carbone, car les forêts tropicales couvrent 88 % de son territoire et on estime qu’elles absorbent quatre fois plus de dioxyde de carbone que le pays n’en produit. En décembre 2022, le Gabon est devenu le premier pays africain à offrir des crédits carbone dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, revendiquant 90,6 millions de tonnes de compensations carbone entre 2010 et 2018. Avec l’expansion de la capacité installée de production d’énergie renouvelable, il est conseillé aux investisseurs de profiter de l’évolution du Gabon vers l’énergie verte et de ses plans déclarés pour réduire les émissions de carbone de 50 % d’ici 2025.