Acteur incontournable de l’éolien en Afrique, Lekela voit en cette ressource un axe important de développement socio-économique pour les pays Africains permettant en parallèle de respecter les contraintes environnementales imposées par le changement climatique.
Où en est le projet de parc éolien Taiba N’diaye, le plus grand d’Afrique de l’Ouest?
Le projet avance très bien. Nous avons un projet en trois phases de 50 mégawatts chacun. La première phase a été finalisée le 09 décembre 2019 et 50 mégawatts ont été introduits dans le réseau depuis cette date. Nous sommes agréablement surpris par la fluidité avec laquelle nous avons pu procéder à l’intégration réseau. Le dispatching est complet et la relation avec la SENELEC est excellente. De plus, nous sommes dans une période ou la production est très élevée parce qu’il y a beaucoup plus de vent.
Nous sommes un peu en avance sur les calendriers de la phase 2 et de la phase 3 prévues pour fin mars pour la phase 2 et fin mai-juin pour la phase 3. L’idée est de boucler tout le projet avant fin juin sachant que le plus important est la première phase. Toutes les machines sont déjà montées aussi bien pour la phase 1, phase 2 et phase 3. Il reste donc seulement l’étape de mise en service, que nous maîtrisons très bien. Nous nous sommes entendus avec la SENELEC pour une mise en service progressive mais toutes les constructions sont déjà en place.
Quels sont les facteurs d’une telle réussite?
Taiba N’diaye est un mégaprojet et comme tout mégaprojet, il comporte de nombreuses composantes à faire coïncider. Chez Lekela, on met beaucoup l’accent sur la gestion de projet. Ce sont des éléments que l’on n’externalise pas contrairement à d’autres. On prend l’initiative de gérer notre propre projet. Nous avons des sous-traitants dans plusieurs corps de métiers mais la gestion de projet reste toujours en interne. C’est vraiment une de nos forces. Cette manière de fonctionner est répliquée dans tous nos projets en Afrique. De cette manière, nous parvenons toujours à respecter les délais, et même à être en avance.
Avez-vous pu atteindre vos objectifs de contenu local, malgré une difficulté de disponibilité de compétences sur certains métiers très techniques ? Il y a la partie de phase de construction d’abord. Là, on travaille avec beaucoup de sociétés locales dans plusieurs corps de métiers. La plupart de nos employés dans la phase de construction sont des locaux, aussi bien au niveau du personnel que de sociétés avec lesquelles on travaille. Dans la phase d’opération et de maintenance, notre approche a été de recruter localement, de former localement pour la phase finale. Nous sommes en train de monter nos équipes. La grande majorité de nos équipes seront des ressortissants Sénégalais, qui ont été formés pour la plupart à l’étranger. C’est normal parce que c’est la première fois que le Sénégal a un parc éolien. Sur ce point-là, c’est un franc succès tant au niveau des sociétés sous-traitantes qu’au niveau du personnel.
On voit une croissance des projets éoliens à travers l’Afrique avec notamment de méga- projets en Egypte et au Kenya, comment l’expliquez vous?
Lekela vient de signer un contrat de 250 mégawatts en Egypte. C’est donc un projet de grande taille qui devrait aboutir au plus grand parc éolien d’Afrique une fois la construction terminée, le plus grand se trouvant actuellement au Kenya. On voit une poussée dynamique des pays Africains d’aller vers le renouvelable, aussi bien le solaire que l’éolien. Avec le solaire, il y a une expérience qui dure depuis 5 à 10 ans. Pour le renouvelable, depuis 2 à 3 ans, il commence à avoir une poussée en Afrique en dehors de l’Afrique du Sud, qui est leader dans l’éolien. Cela s’explique simplement par le fait que les pays Africains commencent à comprendre que c’est une opportunité autant pour le côté environnemental que pour le côté de la production énergétique. C’est une situation gagnant-gagnant pour le développement économique et social, ainsi que pour les objectifs environnementaux nationaux.
Vous êtes en partenariat avec le gouvernement du Sénégal depuis le début du projet. Est-ce qu’aujourd’hui, vous avez d’autres projets en cours avec le ministère de l’Energie? Comment voyez-vous l’engagement du Sénégal?
Le gouvernement du Sénégal a une stratégie énergétique globale en 3 parties. Il y a une partie gaz et pétrole avec les découvertes récentes. La deuxième partie de cette stratégie est de construire de nouvelles centrales qui seront au gaz. La troisième partie est de continuer le développement du renouvelable. Ils ont une stratégie environnementaliste visant à baisser le niveau d’émission de gaz à effet de serre dans leur production énergétique. Nous, on ne voit pas le développement du pétrole et du gaz comme un frein au développement du renouvelable. Le gouvernement le voit dans les mêmes termes. L’objectif est d’augmenter la production parce qu’il y a un besoin d’énergie pour le pays mais aussi pour le West Africa Power Pool. Il y aura donc un marché sous régional où la production du Sénégal peut dépasser largement ses besoins. Dans cette stratégie-là, le gouvernement continue de garder la part du renouvelable autour de 30%. Donc ce qui fait qu’on a des opportunités de développement au Sénégal.
Quel est l’état des lieux des infrastructures de transmission? Quels investissements sont prévus à ce niveau-là?
C’est bien de produire l’énergie, du pétrole mais il faut savoir le transporter et donc le distribuer. L’un des points faibles de nos réseaux, c’est la transmission et la distribution. Dans la stratégie globale du Sénégal, il y a une partie transmission-distribution qui est prise en compte. Le dernier compact MCC Amérique a investit quelques 600 millions de dollars dans le secteur de l’énergie au Sénégal. Cela sera principalement alloué au secteur de la distribution et de la transmission. Il y a un plan pour accompagner le développement de la distribution avec une amélioration du réseau local, afin de le moderniser et de l’agrandir. Non seulement pour le WAPP mais aussi pour l’accès à l’électricité d’ici 2035.