Le Premier Ministre gabonais Julien Nkoghe Bekalé a annoncé lundi qu’un « Plan de Stabilisation et de relance de l’économie » sera lancé, en partenariat avec les traditionnels partenaires techniques et financiers du pays, tels que la Banque des Etats d’Afrique Centrale, le Fonds Monétaire International, la Banque Africaine de Développement et l’Agence Française de Développement.
Le « Plan de Stabilisation et de relance économique sera présenté dans quelques semaines au Président de la République Ali Bongo Ondimba. Il sera basé sur l’analyse poussée de la stratégie nationale d’industrialisation et présentera deux priorités majeures : réduire la dépendance de l’économie gabonaise au pétrole et accélérer le plan de souveraineté alimentaire.
« Alors que notre pays devrait renouer avec une croissance de l’ordre de 3,8 % cette année au prix de douloureux sacrifices et des réformes courageuses, cette crise va anéantir tous nos efforts antérieurs et induire une croissance réelle proche de zéro », a déclaré le chef du gouvernement.
Le Premier Ministre poursuit : « Il s’agit de saisir l’occasion de cette crise pour repenser le modèle de croissance de notre économie. Cette nouvelle crise a dévoilé la forte dépendance de notre économie vis-à-vis du pétrole, malgré les efforts de diversification entrepris au cours de la dernière décennie ainsi que la vulnérabilité de notre pays sur le plan de la sécurité alimentaire ».
Comme tous les pays du monde, le Gabon fait face à une double crise : une crise de la demande liée au ralentissement économique provoquée par le COVID-19 provoquant une baisse massive des exportations (notamment vers la Chine) conjuguée à la baisse des prix du pétrole, sur lesquels se repose fortement l’économie gabonaise. Bien que certains secteurs aient constaté une croissance sur les dernières années, tels que le bois et le secteur minier, le secteur pétrolier compte toujours pour 68% des exportations et 40% de son revenu budgétaire.
Néanmoins, les analystes financiers partagent un constat plutôt optimiste pour le recouvrement d’une économie saine dans un futur proche. En effet, les banques centrales sont fortement mobilisées pour soutenir le secteur privé et public, et les institutions multilatérales font preuve de volonté, comme en témoigne l’approbation par le Fonds Monétaire International d’un décaissement de $150 million en tant qu’instrument de financement rapide à destination du Gabon. De même, les délais de remboursements ont été allongés.
Enfin, bien que le pays souhaite réduire sa dépendance budgétaire à la production pétrolière, celle-ci restera un pan important de l’économie gabonaise pour de nombreuses années. Le pays a lancé une cycle de licences pour des blocs offshore en 2018 qui a permis la signatures de 12 contrats à ce jour et compte relancer l’exploration pétrolière dans le golfe de Guinée. A court-terme, le pays compte aussi sur la remontée des prix du pétrole mondial dû à la relance économique prévue à la fin de la crise du COVID-19.
Gabon est un pays africain pionnier dans l’exploration et la production pétrolière puisque les premières extractions ont eu lieu en 1957. Le pic de production a eu lieu en 1997 où il a été produit presque 370,000 barils par jour. La compagnie pétrolière nationale Gabon Oil Company a subi un processus de restructuration lui permettant d’alléger ses coûts opérationnels et augmenter son efficacité. De même, un nouveau code pétrolier a été promulgué en 2019 dans le but d’augmenter l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers.